La fièvre du Mondial monte timidement. Les discussions s’animent déjà après le triplé marqué par Cristiano Ronaldo pour le Portugal contre l’Espagne (3-3). « Je suis vraiment content pour Cristiano. Il montre qu’il est un leader. A Messi de répondre demain [le samedi 16 juin] dans son match d’ouverture contre l’Islande », polémiquent déjà des passionnés du football.
Sur la route de Bourdon (avenue John Brown), les marchands de drapeaux et de t-shirts des sélections les plus prisées en Haïti – le Brésil, l’Argentine, l’Allemagne (la France, l’Espagne et le Portugal à un degré moindre) – sont de plus en plus remarqués. D’autres gadgets conçus spécialement pour le plus grand événement sportif de la planète sont aussi en vente.
Ricardo vient de débourser 500 gourdes pour s’offrir un maillot de Neymar. « Brezil li ye wi bòs », lance le jeune homme, casquette vissée sur la tête, un appareil photo en bandoulière. « Ekip la lwil », balance Ricardo avant de partir.
Moins de 15 minutes plus tard, une dame descendant d’une Jeep s’achète deux petits drapeaux de l’Argentine. Elle ne veut pas émettre trop de commentaires. « Le ballon est rond pour tout le monde, on attend », balance la dame cachée derrière ses lunettes de soleil.
« On n’a pratiquement rien vendu depuis ce matin », indique Frantz, celui qui vend des produits artisanaux depuis une dizaine d’années. « Je pense que la vente va augmenter ce week-end avec l’Argentine et le Brésil qui jouent leur premier match », dit-il.
Dans beaucoup de quartiers populaires de Port-au-Prince, les drapeaux du Brésil et de l’Argentine flottent sur les toits. Dans la rue, des fans portent déjà les maillots de leur sélection. Sur les réseaux sociaux, les photos des sélections du Brésil et de l’Argentine pullulent. Les photos des stars de la sélection brésilienne et de Messi défilent à longueur de journée sur les statuts de WhatsApp. Certains ressuscitent des souvenirs de sacre de leur équipe. D’autres, pour se moquer de leurs adversaires, sortent des photos de stars en pleurs… La fièvre du Mondial, c’est tout cela.
Chauffeur de tap-tap assurant le trajet Delmas/Centre-ville, Ti Jean rêve grand à la 21 e édition de la Coupe du monde. Il attend cette année beaucoup de Messi. Le capot de son véhicule est recouvert d’un drapeau de l’Argentine. Rencontré dans une station d'essence, il s’en fout des moqueries de son ami Alix, supporteur du Brésil. « J’aimerais que Messi remporte la Coupe du monde, car il le mérite, souhaite Ti Jean. Cela fait longtemps que l’on souffre, mon intuition me dit que le sacre est pour cette année, même si nous [l’Argentine] ne sommes pas favoris. L’Argentine jusqu’à la mort ! »
Peu importe l’équipe que l’on supporte « jusqu’à la mort », une Coupe du monde sans le Brésil et l’Argentine n’est pas une Coupe du monde en Haïti.
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